Les dirigeants de services de transport intermodaux reconnaissent la nécessité de récupérer les occasions d’affaires perdues

Pendant un certain temps, après un hiver particulièrement rude il y a un an et demi, les représentants des services ferroviaires ont affirmé que l’industrie récupérerait le marché perdu au profit des transporteurs routiers. Cette prévision ne s’est cependant pas encore matérialisée, laissant le champ libre aux camionneurs de poursuivre leur croissance aux dépens de leurs homologues des services intermodaux.

Il fait consensus parmi de nombreux intervenants en dehors de l’industrie du transport ferroviaire que, en Amérique du Nord, ce secteur pourrait bientôt perdre des parts de marché importantes au profit des transporteurs routiers. Même si les dirigeants des chemins de fer ont rapidement démenti cette idée, les données n’ont pas soutenu leurs assertions de tendance à la hausse. Leurs convictions voulant que le secteur ferroviaire retrouve le chemin de la rentabilité à la mi-2013 ne se sont pas concrétisées. Le prix du carburant a plutôt diminué, conférant un autre avantage aux transporteurs routiers pour l’obtention d’une part du contrôle des expéditions par voie terrestre en Amérique du Nord.

Les transporteurs routiers prennent des parts de marché aux entreprises de transport ferroviaire et intermodal
Les gains des transporteurs routiers se poursuivent malgré le fait que les services ferroviaires intermodaux aient investi massivement dans l’amélioration de leurs services. Les investissements dans le transport ferroviaire ont permis d’alimenter la croissance considérable de l’industrie ces dernières décennies, selon le Washington Post. Plus de 500 millions de dollars sont investis par semaine par des fonds privés dans l’aménagement continu du vaste réseau de chemins de fer de l’Amérique. Les voies ont été renforcées, de nouvelles installations ont été construites et les capacités ont été accrues en vue d’améliorer les services offerts par les expéditeurs d’envois intermodaux.

Les transporteurs routiers continuent cependant à soutirer des parts de marché aux expéditeurs d’envois intermodaux, qui voient leurs capacités diminuer et leur profit croître lentement. Pour terminer, certains dirigeants de chemins de fer reconnaissent qu’ils doivent en faire davantage pour reprendre des parts du marché nord-américain des expéditions de marchandises par voie terrestre, tel que l’a constaté le Journal of Commerce (JOC). Alors que les chemins de fer sont prêts à admettre qu’ils perdent du terrain au profit d’autres formes de transport, sont-ils prêts à faire face au problème se questionne l’organe de presse.

Des signes de recul sont apparents depuis un certain temps. Les tarifs des envois intermodaux étaient demeurés élevés vers la fin de 2014, mais la situation a commencé à changer dès le début de 2015, tel que l’a indiqué le Cass Intermodal Price Index. Cet indice est utilisé pour mesurer le coût global des services intermodaux. Jusqu’au début de 2015, les tarifs mensuels ont diminué d’une année à l’autre. À partir d’avril, les tarifs ont commencé à chuter d’un mois à l’autre. Juin 2015 a été le sixième mois consécutif de baisse des tarifs d’une année à l’autre, l’indice des prix intermodaux ayant diminué d’environ 7,5 % au milieu de l’année. Entre-temps, les tarifs des envois par camion conclus aux États-Unis ont progressé d’environ 1,6 % pendant la même période.

Cette tendance devrait même se poursuivre pour un certain temps.

« Nous prévoyons que les tarifs intermodaux continueront à diminuer en 2015, alors que la baisse importante du prix du diesel et celle encore plus importante du pétrole font sentir leurs effets sur la demande aux États-Unis », de souligner Donald Broughton, chef de la stratégie des marchés chez Avondale Partners, société spécialisée dans la recherche sur les valeurs mobilières qui établit l’indice pour Cass Information Systems, selon ce qu’a rapporté le JOC.

CSX déclare des bénéfices plus élevés que prévu
Selon les estimations de CSX Corp., la croissance a ralenti malgré des résultats plus élevés que prévu au deuxième trimestre pour le transporteur ferroviaire établi à Jacksonville, en Floride. Bloomberg indique que l’entreprise prévoit que son résultat par action du troisième trimestre demeurera « relativement inchangé ». Ses perspectives pour 2015 font état d’une croissance du résultat par action se situant « entre le milieu et le haut d’une fourchette à un chiffre », après avoir revu les projections à la baisse d’au moins 10 % en avril.

Les résultats déclarés par CSX pour le deuxième trimestre se veulent une surprise compte tenu de la récente léthargie dans le transport de marchandises. Alors que les analystes avaient prévu des nouvelles décevantes, ils ont plutôt été ravis des interventions relativement réussies en réponse à la baisse des tarifs de transport de marchandises.

« C’est assez remarquable. Ils font du bon travail avec les moyens qu’ils ont à leur disposition », de préciser David Vernon, analyste chez Sanford C. Bernstein & Co., à Bloomberg. « C’est bon pour le groupe qu’ils se soient replacés sur des bases solides ».

Malgré ces éloges, les services intermodaux devront continuer d’impressionner afin de récupérer les parts de marché que les entreprises de transport ferroviaire de marchandises ont perdues au profit des transporteurs routiers.