La victoire du Parti libéral remet-elle en question le PTP

Sous la direction de son jeune chef, Justin Trudeau, le Parti libéral a pris le contrôle du Canada, ce qui soulève des questions concernant l’avenir du Partenariat Transpacifique (PTP).

M. Trudeau et son parti ont infligé une déroute étonnante au Parti conservateur, dirigé par le premier ministre sortant depuis neuf ans, Stephen Harper, et le nouveau Parti démocratique, l’opposition officielle, rapporte le New York Times. Le journal a mentionné l’approche « interventionniste » de M. Harper à l’égard des politiques, dont l’appui de son parti au PTP, comme l’une des raisons de la défaite conservatrice aux élections fédérales du 19 octobre, au Canada. Le Parti libéral a remporté 185 des 338 sièges à la Chambre des communes. Par conséquent, l’influence des conservateurs au Parlement a été réduite. Avec le Parti libéral qui prend le contrôle du gouvernement, l’avenir de ce qui pourrait être le plus important accord de libre-échange sur la planète semble beaucoup moins évident que ce qu’il était au moment de l’annonce de la conclusion de l’entente qui, même alors, n’était pas un fait accompli.

Le Parti libéral adopte une approche modérée à l’égard du PTP
Si le NPD s’est farouchement opposé au PTP pendant que les conservateurs soutenaient l’accord, le Parti libéral a adopté une approche modérée, exigeant que l’accord secret soit soumis à un examen public. Un communiqué de presse émis par le Parti libéral dans la semaine précédant l’élection
demandait la publication des détails de l’accord. Le communiqué indiquait que l’accord éliminerait les barrières commerciales, renforcerait la situation de la classe moyenne au Canada et rehausserait les occasions de libre-échange pour le pays.

Par contre, il critiquait sévèrement l’approche secrète de M. Harper à l’égard de l’accord.

« Votre manque de transparence est toujours présent, expliquait le communiqué écrit à titre de lettre ouverte au premier ministre par le député libéral de Markham-Unionville, John McCallum. Malgré l’engagement du ministre du Commerce international, M. Ed Fast, de publier le texte de l’accord afin que tous les Canadiens puissent juger de ses mérites avant le jour de l’élection, des rapports publiés cette semaine dans les médias ont indiqué que les détails resteraient secrets. Il est troublant de constater qu’avec seulement quatre jours avant l’élection, vous continuez de refuser de publier le texte de l’accord pour que les Canadiens puissent l’examiner. »

M. Trudeau et le Parti libéral sont favorables au commerce
M. Trudeau a expliqué que s’il était favorable au commerce, il était également favorable au Parlement,
indiquant que l’adoption du PTP ne devrait pas être la décision du premier ministre, a rapporté le Huffington Post. La portée d’un tel accord exigerait qu’on le prenne sérieusement en considération avant de l’approuver au Canada, du moins selon les membres du Parti libéral. Et maintenant, avec la victoire de M. Trudeau, il semble que l’accord de libre-échange transpacifique avec 12 pays sera examiné à la loupe pendant un certain temps au Canada.

« Nous aurons des discussions approfondies en caucus et au Parlement et nous voterons en équipe sur cette question. Nous expliquons clairement dans notre plateforme politique que le Parti est favorable au commerce », a écrit dans un courriel adressé à l’agence de presse la porte-parole du Parti libéral, Kate Purchase.

Les répercussions des processus politiques soulèveront des doutes concernant le PTP au Canada et aux États-Unis
L’approche modérée adoptée par M. Trudeau et son parti suggère que l’accord sera au moins soumis à un examen en profondeur avant d’être présenté au Parlement. Le processus de négociation extrêmement secret sous M. Harper a fait en sorte que les Libéraux en connaissent peu sur les modalités de l’accord. Si le parti a clairement établi être favorable au commerce et souhaité élargir les occasions de commerce mondial pour le Canada, il a également plaidé en faveur d’un examen minutieux et transparent du PTP.

Entretemps, le processus politique aux États-Unis a également jeté un voile d’incertitude sur la conclusion récente de l’accord par les négociateurs. Le cycle de l’élection présidentielle y bat son plein, ce qui signifie que les politiciens interviendront avec vigueur dans les discussions publiques sur le PTP et, par conséquent, influeront sur l’attitude du peuple envers l’accord. L’un des principaux candidats démocrates, Bernie Sanders, I-Vermont, s’oppose depuis longtemps à l’accord, et l’autre candidate, Hilary Clinton, s’est aussi récemment prononcée contre l’accord. Entretemps, plusieurs représentants républicains au Congrès se sont rangés du côté du président Barack Obama en soutien au PTP. L’élection présidentielle américaine aura lieu dans un an et quelques jours.