Cet article a d’abord paru dans le Journal of Commerce, le 6 juin 2018.
De Daniel J. McHugh, PDG, Livingston International
Il est difficile d’imaginer avec précision quel pourrait être le but ultime de Washington suite à l’imposition récente de droits de douane sur les importations d’acier et d’aluminium canadiennes, mexicaines et européennes.
L’administration américaine a lancé l’idée pour la première fois au printemps 2017 au motif que la pénurie de produits manufacturés aux États-Unis constituait une menace pour les intérêts du pays en matière de sécurité. Peu d’observateurs pensaient, à ce moment, que les intérêts du pays en matière de sécurité étaient vraiment en jeu, la plupart spéculant qu’il s’agissait simplement d’une administration populiste cherchant à trouver une échappatoire juridique pour mettre en œuvre un programme « Acheter américain » (« Buy American »).
Lorsque les tarifs ont été officiellement annoncés en mars 2018, avec des exemptions pour les pays qui représentent la majeure partie des importations d’acier américaines, la spéculation portait désormais sur le désaccord commercial entre la Chine et les États-Unis, nombreux étant ceux qui pensaient que le président et le secrétaire au Commerce, Wilbur Ross, lançaient un message à la Chine signifiant que les États-Unis sont sérieux lorsqu’il s’agit de pratiques commerciales éthiques.
D’autres prévoyaient que les tarifs constituaient un moyen conjoncturel de forcer les délégations canadienne et mexicaine de l’ALENA à conclure des négociations commerciales afin que le Congrès actuel ait la possibilité d’approuver l’accord commercial révisé avant la fin de son mandat en décembre.
D’autres encore prévoyaient que c’était Washington qui montrerait qu’il faudrait adopter une approche de la carotte et du bâton relativement aux négociations commerciales avec l’UE.
Toutes ces hypothèses peuvent encore être valables, mais la réalisation de ces objectifs semble beaucoup moins probable aujourd’hui qu’avant la levée des exemptions le 31 mai.