Cet article a d’abord paru dans le Journal of Commerce, 16 février 2018
Par Cora Di Pietro, vice-présidente, conseil en commerce mondial
À l’heure actuelle, la vaste majorité du monde a très bien saisi que l’administration des États-Unis et le président Trump ne sont pas de fervents amateurs du commerce international quand l’effet de celui-ci n’est pas de réduire ou d’éliminer le déficit commercial américain.
Lors d’un séjour en Corée du Sud, en juin dernier, le président des États-Unis a déclaré que « les États-Unis font l’objet de déficits commerciaux avec de très très nombreux pays, et nous ne pouvons laisser cette situation se poursuivre ». Il a dit de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) qu’il s’agit du « pire accord commercial jamais conclu ». Il a en outre insisté sur le fait que les États-Unis doivent se retirer des négociations d’accords commerciaux multilatéraux (comme le partenariat transpacifique), et favoriser plutôt les discussions bilatérales sur le commerce. À son avis, cela avantagera les États-Unis. Dans quelle mesure l’administration est prête à adopter cette approche demeure cependant indéterminée. S’agit-il uniquement de tactiques de négociations agressives visant à forcer les autres pays à faire des concessions? Allons-nous assister à un éventuel retrait des États-Unis? Les menaces proférées quant au découragement des importations en rejetant les accords commerciaux ou en imposant des tarifs punitifs vont-elles se concrétiser?
Alors que l’administration des États-Unis se concentre sur le rééquilibrage des relations commerciales, de nombreux économistes ont pour leur part fait valoir que ni le déficit commercial ni le surplus commercial ne constituent des indicateurs de prospérité économique importants lorsqu’on les examine en les isolant de toute autre influence économique.
Washington a déclaré que l’exode des emplois du secteur manufacturier des États-Unis a été causé par l’ALENA, et le président a promis de renégocier l’entente commerciale maintenant âgée de 24 ans de manière à ce que les dispositions soient plus avantageuses pour les États-Unis, ou de mettre fin à la participation américaine s’il n’y parvient pas. L’objectif étant de créer un réveil manufacturier qui fera renaître ces emplois. Plusieurs études ont réfuté l’idée que l’ALENA est la source de la disparition des emplois du secteur manufacturier, de même que l’idée que ces postes reviendront aux États-Unis si ceux-ci se retirent de l’ALENA. Qui plus est, obliger les industries à démanteler les chaînes d’approvisionnement établies dans le cadre de l’ALENA pourrait avoir des conséquences involontaires comme le transfert d’emplois existants à de nouveaux partenaires dans la région de l’Asie-Pacifique.
Toutefois, si nous présumons que la convergence actuelle de Washington sur la correction de son équilibre commercial international, indépendamment des autres facteurs économiques, constitue un indicateur valable de santé économique : l’état de la relation commerciale unissant un pays à un autre ou un pays au monde dans son ensemble constitue un point de référence pour mesurer la prospérité.