Brad Lehigh, Spécialiste de la conformité au Canada, gouvernance, gestion du commerce mondial
Le président des Philipines, Benjamin Aquino, a effectué une visite de trois jours au Canada le 8 mai au cours de laquelle les deux pays ont annoncé qu’ils amorçaient des discussions en vue de conclure un accord de libre-échange Canada-Philippines. Malgré la réputation des Philippines pour la corruption endémique et la mauvaise gouvernance, des améliorations ont été constatées au cours des dernières années et l’accentuation du déficit commercial a établi des conditions pour l’établissement d’un accord de libre-échange entre les deux nations.
Les exportateurs canadiens acheminent une grande variété de produits aux Philippines, en commençant par le minerai de cuivre. Ce minerai représente actuellement près de 20 % des exportations du Canada aux Philippines; en 2014, le Canada a exporté plus de 112 millions de dollars de biens dans ce pays, qui prélève des droits de douane de 3 % sur les entrées. Au cours des cinq dernières années seulement, les exportations de minerai de cuivre canadien aux Philippines ont représenté plus de 500 millions de dollars, pour des droits de douane de quelque 17,8 millions de dollars.
Les chiffres sont similaires pour le bois résineux que le Canada exporte en grande quantité (15,5 % de ses exportations aux Philippines), et qui est assujetti aux mêmes droits de douane à l’entrée de 3 %, ce qui représente plus de 9 millions de dollars de droits de douane payés au cours des cinq dernières années.
C’est toutefois sur le plan de la 3e principale exportation du Canada vers les Philippines que les avantages réels d’établir un accord de libre-échange avec cette nation commencent à se manifester.
À l’instar des négociations continues de l’AECG avec l’Union européenne, cet accord potentiel semble constituer une façon de pénétrer l’industrie porcine des Philippines. Assujetties à des droits de douane de 30 à 40 %, les exportations de porcs surgelés du Canada en 2014 auraient représenté des droits de douane payés de 10,9 millions de dollars sur des exportations d’une valeur de 36,4 millions de dollars seulement. En obtenant un taux tarifaire préférentiel ou un quota, les importateurs philippins seraient plus enclins à faire leur approvisionnement de produits du porc auprès du Canada.
Si l’on considère l’autre côté, la situation est un peu plus nébuleuse, puisque la majorité des produits importés au Canada à partir des Philippines sont déjà exonérés des droits de douane. Néanmoins, les Philippines sont le 5e principal exportateur de pneus d’automobiles au Canada et des droits de douane de 7 % s’appliquent aux nouveaux pneus. Le gouvernement des Philippines entreprend différentes initiatives pour promouvoir le processus de fabrication de pneus et envisage d’accroître la production annuelle de la majorité des grandes sociétés de fabrication de pneus présentes au pays en raison de l’augmentation de la production d’automobiles.
Bien sûr, un accord de libre-échange signifie beaucoup plus que des droits de douane. Toutefois, les Philippines comptent au nombre des marchés émergents prioritaires désignés aux termes du Plan d’action sur les marchés mondiaux du Canada, et se présentent comme une économie axée sur la consommation ayant une forte demande pour les produits de la viande. Le porc représente l’une des principales exportations de produits agroalimentaires du Canada et les avantages d’ouvrir encore plus le marché pour les producteurs canadiens ne peuvent être sous-estimés. Compte tenu du potentiel commercial grandissant des Philippines, un accord de libre-échange entre les deux nations est perçu comme une occasion pour les importateurs et les exportateurs canadiens d’établir des relations commerciales prospères avec leurs partenaires de la chaîne d’approvisionnement aux Philippines.