Cet article portant sur les sources d’approvisionnement autres que la Chine est d’abord paru dans le Journal of Commercele 29 mai 2019.
Par Mike Meierkort, président, Solutions de transit international et de transport, et Cora Di Pietro, vice-présidente, Conseil en commerce international
L’escalade récente de la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine a poussé les multinationales américaines à faire le choix difficile de déterminer si elles doivent se retirer de la Chine pour partir à la recherche de marchés d’approvisionnement ou de production plus rentables, ou maintenir le statu quo.
Une enquête menée par les Chambres de commerce américaines pour Shanghai et la Chine au lendemain de la dernière salve de Washington dans la guerre commerciale (son augmentation tarifaire du 10 mai de 10 % à 25 % sur 200 milliards de dollars en produits chinois) montre que de nombreuses entreprises adoptent la première approche. En fait, plus de 40 % des entreprises américaines ayant des activités en Chine déclarent qu’elles envisagent de délocaliser leurs usines à l’étranger ou qu’elles l’ont déjà fait. Parmi celles qui ont choisi d’aller ailleurs, les principales destinations sont les pays voisins de l’Asie du Sud-Est (25 %) et le Mexique (10,5 %). L’enquête révèle que seulement 6 % des entreprises envisagent de déménager leurs activités aux États-Unis.
Cette réaction est d’autant plus compréhensible que les entreprises se préparent à une nouvelle tranche d’augmentation des droits de douane sur les 300 milliards d’importations américaines en provenance de Chine restants. Lorsque les coûts des intrants augmentent pour les entreprises internationales, leur compétitivité diminue et leurs marges se rétrécissent, de sorte que trouver des pâturages plus verts semble intuitif. Cependant, trouver une solution comparable à la Chine, sans parler de délocaliser l’approvisionnement ou les installations de production, est rarement une tâche facile.
Coûts de main-d’œuvre, disponibilité
Comme on l’a vu plus haut, la grande majorité des entreprises américaines qui délocalisent leur production hors de la Chine le font en Asie du Sud-Est. Encore une fois, cela semble intuitif. Les marchés voisins comme le Vietnam, le Cambodge, la Thaïlande et le Myanmar offrent une main-d’œuvre à faible coût, ont un impact minimal sur le temps de transit et offrent des conditions commerciales plus favorables.
Le coût de la main-d’œuvre n’est toutefois pas la seule chose à considérer. Depuis son adhésion à l’Organisation mondiale du commerce, le gouvernement chinois a beaucoup investi dans l’élargissement de ses relations commerciales avec le monde. Ces investissements ont permis d’améliorer les infrastructures (routes, ponts et ports), de même que l’enseignement dans les domaines des sciences, de la technologie, des mathématiques et de l’ingénierie, afin d’attirer non seulement les entreprises intéressées par les travailleurs manuels, mais aussi celles qui possèdent les compétences techniques nécessaires pour fabriquer des produits de haute technologie et gérer des installations de haute technologie qui font un usage intensif des techniques d’automatisation et de robotique.
De même, le Vietnam a fait d’importants investissements dans son vivier de talents et devient une solution véritablement comparable à la Chine, attirant des géants de la technologie comme LG et Samsung. Le bassin de travailleurs qualifiés est toutefois loin d’être aussi important au Vietnam qu’en Chine et la plupart de ces travailleurs ont déjà un emploi rémunéré. Cela signifie que les nouveaux arrivants doivent offrir des salaires plus élevés pour attirer des travailleurs déjà employés et être prêts à s’engager dans une bataille salariale avec les entreprises existantes.
Et il n’y a pas que la main-d’œuvre qualifiée qui manque. Les multinationales s’implantent depuis plusieurs années sur les marchés émergents de l’Asie du Sud-Est, alors que les salaires et les réglementations environnementales ont augmenté en Chine. En conséquence, le taux de chômage général est assez faible sur l’ensemble du continent. Avec des taux de chômage de 2,17 % au Vietnam, de 0,9 % en Thaïlande et de 0,3 % au Cambodge, trouver de la main-d’œuvre pour construire et gérer des installations de production et y travailler n’est pas chose facile.