La concurrence féroce sur le marché pour le fruit le plus populaire sur la planète est confronté à un revirement désastreux : la banane, telle que le monde entier la connaît, se meurt.
La banane Cavendish est la huitième plus importante culture sur la planète et la quatrième plus essentielle pour les pays en développement, selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Cependant, elle se meurt, et il y a très peu à faire pour contrer cette éventualité. Le fusarium, ou maladie de Panama, est une maladie incurable qui a d’abord touché les cultures de bananes en Asie et qui a commencé à se répandre dans d’autres régions du monde. La quarantaine est la seule façon de lutter contre la maladie, mais jusqu’à maintenant, tous les efforts pour contenir la maladie de Panama n’ont pas porté leurs fruits.
« La banane, telle que le monde entier la connaît, se meurt »
La propagation de la maladie de Panama ne peut être contenue
Le problème est que la banane Cavendish est une monoculture — elle ne se reproduit pas sexuellement. L’infection peut se répandre rapidement par l’entremise des clones génétiques qui constituent la culture de bananes mondiale, et les fruits sont sans défense en raison de la nature même de leur existence. L’éclosion en cours de la maladie de Panama, aussi appelée champignon de souche dite « Tropical Race 4 », a été identifiée dans les années 1990, même si son existence était soupçonnée depuis longtemps, mais la réaction de l’industrie a été neutralisée. L’épidémie qui a commencé il y a environ deux décennies à Taïwan s’est propagée jusqu’en Chine, en Indonésie, en Australie, en Malaisie et au Moyen-Orient. Les efforts de quarantaine ont peu contribué à enrayer la propagation. L’Afrique et l’hémisphère ouest semblent être les prochaines destinations de la maladie de Panama. Ceci signifie que le champignon catastrophique se rapproche de l’Amérique latine, où se trouve près de 70 % de l’industrie mondiale de l’exportation de la banane , évaluée à 8,9 milliards de dollars par année, selon Quartz.
Si l’espoir est en baisse pour la banane Cavendish, l’extinction du fruit, et de l’impressionnant marché mondial qu’il alimente, n’est pas un fait accompli. La souche dite « Tropical Race 4 » est vraisemblablement liée à la souche dite « Tropical Race 1 », qui a jadis éradiqué la variété de bananes la plus populaire au monde, la banane Gros Michel. La légende veut que la Gros Michel, l’ancêtre de la Cavendish, était résistante, avait un somptueux goût crémeux et durait plus longtemps avant de s’avarier. On considère également qu’elle était un meilleur produit que la Cavendish. De la même façon, la Cavendish est considérée comme étant supérieure à plusieurs autres variétés de bananes. Elle n’a pas de graines, sa pelure est résistante et elle est productive. Son principal avantage par rapport à la Gros Michel était qu’elle résistait au champignon de souche dite « Tropical Race 1 ».
Une industrie d’exportation multimilliardaire à risque
Au cours de la propagation sur des décennies de la souche dite « Tropical Race 1 », le champignon a causé des ravages évalués à 18,2 milliards de dollar, en dollars d’aujourd’hui, rapporte Quartz. La souche dite « Tropical Race 4 » a déjà produit des ravages évalués à 400 millions de dollars dans la région des Philippines seulement. Contrairement à son prédécesseur destructeur, la dernière lignée du champignon touche beaucoup plus que la banane Cavendish — la majorité des cultures de bananes dans le monde est assujettie à la maladie.
Avec une industrie d’exportation multimilliardaire qui risque de s’effondrer, le seul espoir semble la découverte d’une solution de rechange pour la Cavendish. À ce rythme, la recherche d’une solution de rechange semble inévitable. Il faudra trouver une banane qui peut survivre aux rigueurs de la distribution sans trop s’abîmer, qui ne contient pas de graines dures, qui est suffisamment productive pour satisfaire la demande mondiale pour ce fruit et qui ne fait pas trop de concession en matière de goût.
La Cavendish est un produit international de première nécessité autant pour les vendeurs de rue que les sociétés multinationales, mais d’ici quelques décennies, elle ne sera probablement rien d’autre qu’une histoire que les gens racontent à leurs petits-enfants qui, eux, semblent destinés à manger une variété inférieure des bananes que le monde déguste aujourd’hui.