Cet article de Stéphan Galarneau, vice-président des ventes internes pour l’Amérique du Nord de la Société internationale Livingston, a été publié le 5 décembre 2016 dans le Global Trade Magazine. Lisez l’original ici.
Partie 2 : Les entreprises canadiennes bénéficient d’un soutien commercial incroyable; pourquoi n’en profitent-elles pas ?
Par Stéphan Galarneau
Étant donné l’ampleur du débat public aux États-Unis à propos des avantages disparates des accords de libre-échange, on pourrait croire que les entreprises américaines trouvent difficilement des moyens d’utiliser les accords de libre-échange [Link to : http://www.globaltrademag.com/uncategorized/canada-concludes-free-trade-agreement-with-ukraine].
Ce n’est pas le cas. En fait, d’après une étude récente de la Société internationale Livingston, les entreprises canadiennes ont beaucoup plus de difficultés à conquérir les marchés d’exportation que les entreprises américaines.
L’étude révèle que 23 pour cent des entreprises canadiennes trouvent qu’il est difficile ou très difficile d’exporter, contre 16 pour cent seulement des entreprises américaines. En outre, même si les entreprises des deux pays ont tendance à utiliser les accords de libre-échange dans une mesure relativement égale, les entreprises américaines semblent les utiliser de manière plus diversifiée.
En fait, trois fois plus d’entreprises américaines que canadiennes utilisent trois accords de libre-échange ou plus. En outre, le recours à l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) par les entreprises canadiennes est le double de celui des États-Unis (61 contre 31 pour cent respectivement).
Pour diverses raisons, les entreprises canadiennes ont des difficultés à exporter vers les marchés étrangers (surtout en dehors des États-Unis), même si la devise canadienne leur donne souvent un avantage concurrentiel. Pourquoi ?
Les trois raisons principales mentionnées par les entreprises canadiennes sont la complexité de la réglementation du commerce international (16 pour cent), une connaissance insuffisante de la manière d’aborder le commerce international (14 pour cent) et le niveau élevé des taxes et droits de douane (10 pour cent). Les deux premières raisons sont particulièrement intéressantes, car les entreprises canadiennes bénéficient d’excellents mécanismes de soutien public et privé pour se lancer dans le commerce international.
Au Canada, le secteur public offre depuis longtemps un soutien aux entreprises intéressées à exporter, surtout par Exportation et développement Canada (EDC) qui offre des conseils sur toutes ces questions – des principaux marchés d’exportation jusqu’aux risques de change et aux brevets et droits d’auteur. EDC aide également les entreprises intéressées en leur procurant un soutien en matière de financement.
En outre, la Banque de développement du Canada (BDC) procure des services de capital-risque, de financement et de conseil aux entreprises qui envisagent d’explorer les marchés des États-Unis et du monde.
En plus de ces établissements, diverses organisations de soutien du secteur privé accordent leur aide aux entreprises qui ont l’intention d’exporter, en leur donnant des idées et des conseils dans divers domaines, notamment l’analyse des marchés étrangers, le recours et la conformité aux accords de libre-échange, et la création efficace de chaînes d’approvisionnement continentales et internationales.
Ces ressources publiques et privées deviendront plus critiques que jamais pour les entreprises canadiennes qui désirent bénéficier de l’Accord économique et commercial global (AECG), une entente historique signée récemment entre le Canada et l’Union européenne qui élimine les droits de douane sur 98 pour cent des biens industriels et donne aux 28 pays de l’Union un accès au marché du Canada.
Lorsque les négociations en vue de cet accord ont débuté sérieusement il y a sept ans, Ottawa avait comme simple objectif de découvrir un nouveau potentiel commercial pour les entreprises canadiennes. Cependant, avec l’augmentation du sentiment protectionniste dans le secteur commercial habitué à traiter avec les États-Unis, la possibilité de conquérir les marchés européens pourrait s’avérer plus intéressante pour les entreprises ambitieuses.
Les services de soutien mentionnés ci-dessus deviendront particulièrement importants pour les petites entreprises canadiennes qui éprouvent habituellement plus de difficultés à exporter que les entreprises moyennes ou grandes. En fait, plus d’un quart des petites entreprises (26 pour cent) considère qu’il est difficile ou très difficile de pénétrer les marchés d’exportation, contre 19 pour cent seulement pour les entreprises moyennes et grandes.
Ces chiffres sont beaucoup moins prononcés aux États-Unis, où seulement 18 pour cent et 11 pour cent des petites entreprises et des entreprises moyennes et grandes, respectivement, déclarent avoir des difficultés à exporter, ce qui révèle une plus forte volonté, au sud du 49e parallèle, de surmonter les obstacles au commerce international.
De nombreuses entreprises canadiennes ont déjà bénéficié des avantages du commerce international ainsi que des services de soutien à leur disposition. Cependant, un grand nombre de ces entreprises se cantonne dans les secteurs d’exportation classiques des ressources naturelles et des produits fabriqués, négligeant ainsi un potentiel considérable et inexploité pour le secteur des services en expansion dans le pays.
Ce secteur évolue avec l’apparition de nouvelles méthodes dans les secteurs industriel et technologique; il sera donc très pertinent, pour ces entreprises dynamiques, d’emporter leurs compétences et leurs idées dans les marchés mondiaux. Après tout, comme le président des États-Unis Barack Obama déclarait récemment lors de sa visite à Ottawa : « Le monde a plus besoin du Canada. »
Stéphan Galarneau est vice-président, ventes internes, Amérique du Nord, de la Société internationale Livingston. Il dirige la gestion et les performances du groupe de vente de Livingston aux petites entreprises du Canada, depuis 2011. Son équipe travaille exclusivement avec les entreprises petites et moyennes, dans le domaine des services de conseil en commerce international. Il possède plus de 25 années d’expérience dans ce secteur.