Il s’agit d’un rôle caractérisé par un niveau de stress élevé, de longues heures et une adaptation aux changements soudains
Cet article a été publié dans le Global Trade Magazine le 8 octobre 2018.
Par Bernie Hart, vice-président, ventes, gestion du commerce mondial, Livingston International
Dans chaque organisation, commerciale, politique, sociale ou familiale, il y a ce qu’on décrit souvent comme un héros méconnu; une personne qui joue un rôle central, mais qui est souvent ignorée ou rarement honorée. Au sein des organisations mondiales engagées dans le commerce international, sans doute que l’une des personnes les moins honorées ou appréciées est le gestionnaire de conformité.
Pour les non-initiés, un gestionnaire de conformité réglementaire est une personne qui traite des aspects juridiques, réglementaires et administratifs de l’importation et de l’exportation de marchandises dans un pays ou une région commerciale précis. Les objectifs du gestionnaire de conformité sont : de certifier que les marchandises sont introduites dans un pays d’une façon qui est conforme aux lois et réglementations du territoire; de veiller à ce que les marchandises soient importées de la façon la plus rentable, amortissant les droits préférentiels en vertu des accords commerciaux; d’identifier et d’atténuer les risques associés à une non-conformité pour prévenir les pénalités inutiles (et considérables); et de se préparer aux vérifications douanières ou gouvernementales. En somme, il est non seulement responsable de faire économiser et de protéger des millions de dollars dans le cadre de transactions de nature internationale, mais il est également responsable de protéger la notoriété et la réputation des sociétés qu’il représente.
Bien que cela puisse sembler simple, il n’en est rien. Cela implique de gérer des centaines de codes de classification potentiels selon plusieurs régions, chacune ayant ses propres systèmes de réglementations et de douanes. Ce rôle est caractérisé par un niveau de stress élevé, de longues heures, une adaptation aux changements soudains et fréquents dans les processus des agences externes, ainsi que l’exigence de mettre ses connaissances à jour constamment.
À mon poste, j’ai l’occasion de rencontrer régulièrement des spécialistes de la conformité. Plusieurs d’entre eux me communiquent les stress quotidiens, les pressions émergentes et la nature changeante de leur rôle. Ce rôle a évolué rapidement au cours des dernières années, passant d’un poste principalement administratif à quelque chose de stratégique et de visionnaire. Mais cette évolution a entraîné l’ajout de responsabilités et d’attentes sans répit provenant des exigences sur les questions de conformité au quotidien.
Il est difficile de se souvenir d’une époque où les spécialistes de la conformité ont subi plus de pression. Les deux dernières années ont vu des changements considérables dans la façon de transporter les marchandises autour du globe. De nouveaux accords commerciaux ont été établis. Les accords commerciaux existants ont été révisés. Les nouveaux tarifs, les droits antidumping, les droits compensatoires et les surtaxes sont devenus monnaie courante et avec eux, nous avons un meilleur contrôle sur la façon dont les marchandises sont classées. Les nouveaux processus dans la transmission des données relatives aux douanes et la réforme des processus douaniers sont devenus constants dans un monde qui tente de numériser l’administration douanière. Tenter de rectifier les données et les processus de conformité afin de répondre à tous ces changements tout en fournissant des conseils stratégiques aux dirigeants de la chaîne d’approvisionnement de leur organisation a été à tout le moins onéreux.
Sans doute la plus grande frustration des spécialistes de la conformité réside-t-elle dans le fait que tous les récents changements et l’instabilité entourant le commerce les ont rendus plus visibles et plus valorisés auprès des supérieurs et des dirigeants des sociétés d’une manière bien accueillie pour le rôle stratégique qu’ils jouent. Toutefois, ils sont si dépassés par le flot constant de changements en matière d’administration douanière qu’ils ont peu de temps pour rassembler les connaissances et effectuer l’analyse des données requise pour démontrer efficacement leur valeur stratégique.
Bien sûr, les logiciels d’automatisation existent afin de rationaliser le processus de conformité, offrant un peu de soulagement pour la gestion de la conformité au quotidien. Cependant, les logiciels seulement sont aussi bons que les données qu’ils gèrent; et l’exploration des données en vue de trouver des inexactitudes et des incohérences constitue une tâche colossale, particulièrement lorsque les divers produits, régions et processus de conformité sont impliqués. Pour atteindre la véritable tranquillité d’esprit, les spécialistes de la conformité choisissent typiquement de s’associer à des consultants externes afin d’explorer les données, puis de les appliquer dans un logiciel de gestion du commerce mondial.
Faire cela est souvent un choix difficile, puisque plusieurs sentent qu’ils renoncent au contrôle sur un processus qu’ils gèrent traditionnellement et qui demeure une partie intégrante de leur rôle. Pourtant, j’ai été témoin d’un changement remarquable dans le nombre de cas pour lesquels les spécialistes douaniers ne font que cela dans l’espoir de profiter des possibilités de puiser dans la planification stratégique sérieusement.
Avec tant de changements qui surviennent en même temps, il leur faut le temps requis pour comprendre, analyser et réfléchir aux sources des fournisseurs et aux marchés, aux matériaux de production, à la conception de produits (puis à la classification de produits), à l’exposition au risque, aux changements des prix à quai, aux répercussions pour les partenaires de la chaîne d’approvisionnement et aux coûts essentiels et accessoires associés à tout cela. Toujours est-il que plusieurs autres continuent d’assumer les tâches associées à la planification stratégique tout en gérant encore la conformité au quotidien, ce qui constitue un défi de taille, et c’est le moins que l’on puisse dire.
Peu importe la méthode qu’ils choisissent, il est incontestable que leur rôle devient de plus en plus inestimable pour l’optimisation de la performance des chaînes d’approvisionnement de leurs organisations. Et aussi longtemps que les perturbations demeurent la nouvelle norme dans le commerce mondial, vous pouvez être sûrs qu’ils travailleront d’arrache-pied.
Alors, la prochaine fois que vous voyez votre gestionnaire de conformité, la tête cachée derrière une pile de documents ou plusieurs écrans d’ordinateur alors que vous passez par là, donnez-lui des encouragements pour ses efforts supplémentaires.